Les œuvres de Bruno Mantovani sont éditées aux Editions Henry Lemoine
Editions Henry Lemoine
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Musique contemporaine
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Il arrive souvent que l'on demande à un compositeur d'expliquer d'où lui vient son "inspiration". Loin des schémas dont une certaine littérature romantique nous a abreuvés (l'artiste solitaire trouvant dans la partition un réconfort salutaire lui permettant de transcender ses souffrances...), il reste très difficile d'évoquer le moment où l'idée musicale vient à l'esprit, ou celui où elle prend forme. En ce qui me concerne, je dirais que l'inspiration réside dans un aller-retour permanent entre les intuitions liées à l'effectif et le travail sur ce matériau. Les premières idées sont quelquefois les meilleures, mais leur mise en forme réserve bien des surprises face auxquelles j'essaie de conserver la plus grande spontanéité possible. En revanche, en ce qui concerne la question de ce qui déclenche chez un compositeur l'envie d'écrire, je répondrais que la perspective de la collaboration avec l'interprète est pour moi la première des motivations.
Ces Quatre études ne dérogent pas à la règle, tant la personnalité d'Alexandre Tharaud est au centre de l'oeuvre. Alexandre et moi-même nous sommes rencontrés en 2000 à l'occasion d'un hommage à Rameau collectif qu'il avait suscité. Nous avions émis le désir de collaborer à nouveau ensemble, et cette commande du festival "Piano aux Jacobins" est venue concrétiser cette envie. Composées fin 2002, ces études m'ont permis de sortir psychologiquement d'un long travail sur une musique de film muet. Cette dernière pièce avait une durée particulièrement impressionnante (une heure et quarante minutes), si bien que j'ai ressenti, par compensation, le besoin de me consacrer à des formes plus courtes.
La première des Quatre études est directement inspirée par la personnalité d'Alexandre Tharaud : on y retrouve son extraordinaire sens de l'ornementation (que j'avais pu découvrir lorsque nous avions travaillé sur Rameau), et une référence à un compositeur qu'il affectionne tout particulièrement : Maurice Ravel. En effet, quelques citations de ce compositeur, lui aussi passionné par les vieux maîtres français du clavecin (n'oublions pas le Tombeau de Couperin) fournissent le matériau musical présent dans la dernière section.
Après l'ornementation, c'est au legato que j'ai décidé de me consacrer. Le principe de cette deuxième pièce est assez simple : dans sa première moitié, elle repose sur une ligne quasi-ininterrompue qui parcourt divers registres. La rapidité du discours tend à nous faire percevoir des directions générales plus qu'une suite de notes isolées. Quant à la deuxième partie, elle est l'exacte répétition de la première, avec une surimpression d'éléments eux aussi continus qui viennent nous donner une autre vision du matériau initial.
L'étude pour la main gauche qui suit étoffe un répertoire déjà large (on pense là encore à Ravel), et travaille sur les résonances des cordes graves du piano.
La dernière étude s'inspire d'une technique caractéristique du jeu du jazzman Michel Petrucciani, à savoir le trémolo par mains alternées (le pianiste se transformant alors en percussionniste). Par la répétition de certaines notes à une main, la ligne laisse apparaître des formules rythmiques et des périodicités.
D'une durée totale de 13 minutes, ces Quatre études sont évidemment dédiées à Alexandre Tharaud.