Bruno Mantovani

Fiche

  • Effectif instrumental
    Concerto pour violon et orchestre
    4(picc.flG).2(+ca).4(clB).2(+cbn) / 4.4.2(+trbB).1 / saxS(bar) / timb / 4perc / hp / 16.14.12.10.8
  • Durée
    23'
  • Date de parution
    20/01/2012
  • Création
    18/02/2012
    Paris, Salle Pleyel
    Orchestre de l'Opéra National de Paris, Renaud Capuçon (violon), Philippe Jordan (direction)

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Contacts

Les œuvres de Bruno Mantovani sont éditées aux Editions Henry Lemoine

Editions Henry Lemoine
27, boulevard Beaumarchais
75004 PARIS - France

Musique contemporaine
Tél. : 33 (0)1 56 68 86 74

Service orchestre
Tél. : 33 (0)1 30 90 56 36

Jeux d'eau

Notice

Enregistrement

1 CD Erato, 0825646026876, Renaud Capuçon : Rihm, Dusapin, Mantovani
Renaud Capuçon (violon)
Orchestre de l'Opéra National de Paris
Philippe Jordan (direction)

Presse

Un hautbois bucolique émet quelques notes avant de s'effacer au profit de sa voisine, la flûte, qui passe bientôt le relais au violon solo, lequel transmet dans la foulée son bien mélodique à la clarinette qui, elle, l'enjolive avant de le retourner à l'envoyeur... Les petits ruisseaux font un grand fleuve, samedi 18 février, Salle Pleyel, à Paris. La voie de navigation musicale ainsi amorcée est l'oeuvre d'un compositeur jeune (37 ans) mais déjà incontournable : Bruno Mantovani. Jeux d'eau, donnée en création par Renaud Capuçon et l'orchestre de l'Opéra national de Paris, prend la forme d'un concerto pour violon dont on ne perd pas une goutte pendant vingt-cinq minutes. Le principe de l'aller-retour qui se manifeste au début laisse à penser que la partie soliste prend forme au contact de l'environnement, comme la rivière creuse son lit.
Mais avec Mantovani il n'est jamais question de lambiner ! Au bout de quelques minutes le périple aquatique arbore déjà la puissance et l'indépendance d'un cheminement millénaire. Pour en apprécier la richesse, il faut alors s'immerger dans son flot tumultueux. Et l'auditeur-plongeur de partir à la découverte d'espèces non répertoriées (grondements insolites de contrebasses) et de s'extasier devant le ballet d'un hippocampe virtuose (Renaud Capuçon, Paganini des fonds marins). Sous la direction très suggestive de Philippe Jordan, impérial, l'orchestre enchante par ses qualités ondulatoires et par ses jaillissements spectaculaires. Pour déchaîner puis dompter de tels éléments, il fallait un compositeur à la stature de géant. Cette dimension, maintes fois reconnue à Mantovani, était de circonstance ce soir-là puisqu'allait suivre une époustouflante interprétation de la Première Symphonie, de Gustav Mahler, sous-titrée "Titan".

Pierre Gervasoni
Le Monde, 20 févier 2012


Bruno Mantovani, sources d'inspiration
A force d'être un jeune compositeur prometteur de 30 ans, Bruno Mantovani a fini par en avoir 40. Il dirige depuis septembre 2010 le Conservatoire National de Paris, collabore régulièrement avec l'Opéra (Akhmatova, opéra, Siddharta, ballet pour Preljocaj). Cela ne lui ôte pas sa jouvence.
Jubilation dans l'écriture, sensualité des timbres, corps à corps (il a longtemps mis le "conflit" au centre de sa recherche esthétique), Mantovani a eu l'honneur d'être interprété par Boulez, avec qui il partage une sorte de perversité joyeuse à l'égard de celui qui l'écoute : attaques surprises, fomentation de fausses réminiscences, détournement d'attention, blagues post-sérielles. Les titres de certaines de ses pièces sonnent comique comme chez Satie, en forme de sottie : Art d'écho, l'Ere de rien, Eclair de lune...
On sait Bruno Mantovani de gauche (Libération du 8 septembre 2006). Il est rare de s'interroger sur la politique des sons, mais cette vision du monde s'entend en effet dans sa musique, qui bouscule d'évidence, ne prend rien pour naturel, et fixe.
Ce soir, Renaud Capuçon et Philippe Jordan créent en one-shot Jeux d'eau, concerto pour violon, à la salle Pleyel. Au même programme figurera la Symphonie n°1 "Titan" de Mahler.
Le titre Jeux d'eau ne ment pas. Dans sa note d'intention, Mantovani explique être parti de l'écoute attentive d'un torrent montagnard. Aucune crise romantique ne l'a fait saisir un piano pour exprimer la saudade qui ruisselait dans son âme : "Ma démarche est plutôt scientifique et naturaliste. De ce point de vue, je pense que le violon est plus proche de la réalité de l'eau que ne l'est le piano : l'eau se heurte au milieu naturel comme l'archet à la corde."
C'est plutôt d'un étonnement sensoriel qu'est né le concerto, car "l'analyse acoustique de ce bruissement nous révèle qu'il s'agit d'un bruit quasiment blanc, d'une pure saturation, de surcroît antimusicale puisque n'ayant ni début ni fin, quand toute musique a besoin d'une trajectoire". Et, bizarrement, ce bruit rassérène. C'est ce "paradoxe" que Jeux d'eau entend explorer, se glissant entre le violon, "instrument de la ligne et de la mélodie", et les "antipodes du continuum presque bruitique de l'eau".

Eric Loret
Libération, 18 février 2012

Index des œuvres
© Bruno Mantovani